Si les jeux vidéos avaient le droit eux aussi au "nanar", beaucoup n'hésiteraient pas à présenter Demetrios comme un bon candidat. Pourtant, si "nanar" il est, c'est sans doute assumé ; quoique selon mon avis, la catégorie "parodie" lui sied bien mieux. Côté technique aucun couac, c'est ailleurs que tout se joue. De prime abord, une chose frappe en entrée de jeu : l'humour. Tandis qu'une autre se révèle en cours de jeu : l'amour (pour ceux et celles qui n'ont pas fuient après la découverte du premier).

Dire qu'une partie de l'humour est ici au ras des pâquerettes serait une métaphore bien poétique ; elle est plutôt située au ras du gogue, très proche de la sortie du slip. Certaines blagues peuvent être répulsives pour certains ou certaines, juste de mauvais goût pour d'autres (que celui ou celle qui n'a jamais ris à un prout, une vesse ou un météore lui jette la première pierre...). C'est là que l'option pour doser l'humour "pipi/caca" peut s'avérer fort utile (je ne l'ai pas utilisée pour ma part). Car au-delà de ce premier contact se dissimule l'âme du jeu, à savoir l'amour de Fabrice Breton (le développeur) pour le "Point'n'click" (amour plus que brillamment confirmé par la suite avec son Brok the Investigator).

Demetrios est une parodie du genre. On y suit les mésaventures de Bjorn Thonen, anti-héros un peu benêt, à mi-chemin du marginal et du loser notoire, embringué malgré lui dans une aventure pour avoir un rencard...euh non, attendez, pour sauver le monde ou quelque chose comme cela.

En tant que "Point'n'click", le contenu est généreux. Du clic en veux-tu t'en auras ! Beaucoup plus que nécessaires, des choses utiles, inutiles et douteuses (et là l'humour gagne déjà en profondeur). Et il y a des secrets (ah les cookies...) et de nombreuses fins à trouver (ah les game overs...). Les énigmes ne sont ni trop faciles ni trop farfelues. Les musiques collent bien au jeu et elles contribuent pour beaucoup à son côté loufoque et décalé. De par la quantité appréciable de texte à lire, il y a un petit côté "Visual Novel" qui m'a bien accroché.

J'en reviens à l'humour. Ce dernier réside moins dans les quelques blagues sorties du slip que dans l'ensemble de l'oeuvre en général : gallerie de personnages et situations farfelues, histoire et univers absurdes. Cela m'évoque un peu un The Big Lebowski qui tirerait beaucoup du côté d'un My Name Is Earl. Ainsi, si l'on considère les blagues au ras du gogue hors contexte et pour elles seules (alors qu'elles sont loin de remplir la dizaine d'heures de jeu), on pourrait croire à un bide ; mais conservées dans le tout auquel elles appartiennent, elles redeviennent ce qu'elles sont, un rouage du jeu.

Alors, malgré certaines blagues délibérément poussives qui, isolées, font moins mouche qu'elles ne semblent les attirer, Demetrios a ses petites qualités à lui. Et une fois dépassé ce stade anale qui lui est souvent reproché et le jeu considéré comme un tout, il se parcourt comme une bonne parodie, avec ses hauts et ses bas.

Je peux difficilement le recommander sans réserve au vu de l'étiquette qui lui a été collé au derche un peu trop rapidement et pourtant, si vous êtes de nature curieuse et aventureuse, pourquoi ne pas tenter ce point'n'click atypique et vous forger votre opinion ?
Peut-être parce que le tout aussi atypique, mais de meilleur "goût", Brok the Investigator est une vrai pépite du genre ? Vous n'auriez peut-être pas tort de commencer par ce dernier. Vous pourrez toujours revenir vous aventurer ici plus tard...

Reviewed on Apr 09, 2024


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