Je n'ai jamais eu d'ami venant d'un autre pays. Mes voyages ont toujours été courts. Je n'étais jamais seul, et en y repensant, j'ai toujours été avec la même personne.

Mon expérience des pays étrangers et la même que la plupart des gens, c'est le hasard entrecoupé des lieux touristiques. La nourriture locale, les sandwichs et un peu de pâtes.
Un étudiant reste un étudiant, même sur un autre fuseau horaire.

Quand on lance Earthbound, on choisit son plat préféré, le nom de son cabot et de ses amis. On se crée un chez soi. Instantanément interrompu par une météorite. Par l'invasion alien. Par le voisin casse couille. Mais un chez soi quand même.

Je ne sais pas comment a été perçu Earthbound par les japonais, mais pour moi, l'environnement était familier. Merci au soft power, l'Amérique, c'est la maison. C'était d'autant plus la maison car moi aussi, j'ai du ranger mon vélo parce que certains amis n'en avaient pas.

On traverse le pays, on va dans la grande ville du coin. J'aurais aimé qu'il y ait un métro. C'est ma vision des grandes villes, le métro. On ne va pas sous terre à la campagne.

J'aime les dialogues d'earthbound.

J'ai dépanné une bouteille d'eau à un gars il y a quelques mois. Situation familiale, états d'âmes, parcours professionnel, sa collection de jeux vidéo, la hauteur sous plafond de son rez de chaussée. On ne prenait pas le métro dans la même direction. Si ça avait été le cas, j'aurais pu écrire ses mémoires. Là, seulement un profil Facebook convaicant.

Les personnages de earthbound sont un peu tarés de cette manière. Zinzins mais crédibles. Ancrés dans leur réalité. Chaleureusement caricatural. Il est impossible de ne pas vouloir leur parler.

Je ne me souviens d'aucun dialogue de pokemon. Ca n'est pas grave. Mais je me souviens de plusieurs d'earthbound.

Puis d'un coup, on part . A l'étranger d'abord, et puis encore plus loin. Je crois qu'on s'habitue au voyage. Passer de chez moi à l'Égypte m'a plus déstabilisé que de passer de l'Égypte à la terre des dinosaures.
J'étais chez moi, je n'étais plus chez moi.
Je n'étais pas chez moi, et je suis toujours loin de chez moi.
J'ai, à ce moment là, eu peur de moins aimer le jeu. Qu'il s'essouffle

Mais la fin est extraordinaire. Il était impossible d'imaginer ce dernier voyage. Ce dernier combat. On prie pour rentrer en sécurité à la maison, parce qu'on sait que l'on ne peut pas aller plus loin. Pas comme ça.

On a fait un beau voyage. C'était pénible car le jeu est vraiment difficile. On a mérité de voir cette fin, de regarder les photos, de parler une dernière fois aux copains puis de se dire au revoir.

Mes pensées reviennent fréquemment à Earthbound avec mélancolie. Car j'ai dû laisser mon vélo car des amis n'en avaient pas. Que j'ai déjà été coincé dans les embouteillages en plein soleil. Que la taille des buildings des grandes villes est impressionnante.
Je n'ai pas de casquette rouge et je n'ai pas sauvé le monde, mais ça aurait fait trop de points communs.

Le jeu m'a laissé deux frustrations.
Je ne parle pas assez aux gens en voyage
Les sacs à dos ne peuvent pas contenir assez de choses.

Je réécoute la musique et je suis de retour dans Earthbound. Je suis à la maison.

Merci à tout ceux impliqués dans le projet.

La chaleur humaine n'est pas fréquente dans les jeux vidéos.

J'ai joué à un jeu extraordinaire.

Reviewed on Mar 23, 2024


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